Ne nous rêvons-nous pas tous un peu stratèges ? Ou bien faisons-nous comme
Monsieur Jourdain de la stratégie sans le savoir ? Peut-être, mais l’observation
montre également qu’il est courant d’énoncer des plans d’action en croyant, en toute bonne foi, formuler une stratégie… La stratégie est sur toutes les lèvres, mais la confusion
est fréquente entre Objectifs, Stratégie et Plans d’Actions. Offrons-nous une petite
réflexion sous forme de proposition et de questionnement sur la manière de formuler
une stratégie, à l’usage des responsables « Comptes Clés » ou de « Business
Development »…
La stratégie n’est pas la planification
Selon plusieurs sources bibliographiques sur le sujet, la Stratégie en situation concurrentielle peut être définie comme « l’ensemble des moyens par lesquels les Objectifs sont consciemment et systématiquement poursuivis et obtenus dans le temps ». L’horizon de décision est ici plutôt de moyen à long terme, de sorte que l’organisation évolue en environnement non contrôlé. A contrario, la Planification est le processus conduisant à la définition de Plans d’Actions (tactiques) qui doivent être appliqués pour que la stratégie réussisse. Là, l’horizon est plutôt de court terme (un an au plus), et traite de situations en environnement plutôt contrôlé (assez court pour se soustraire aux conséquences de contingences majeures).
Cette
distinction est essentielle : il est toujours facile de justifier a posteriori les actions qui ont conduit
au succès (comme de les dénoncer dans le cas contraire), mais qu’en est-il de
la capacité à « voir à l’avance » des grands stratèges comme le
célèbre Sun Tzu qui, à la fin du VIe siècle av. J.C., indiquait dans son ouvrage
intitulé « L’art de la guerre » : « Tous les hommes peuvent voir les tactiques par
lesquelles je conquiers, mais ce qu’aucun ne peut voir, c’est la stratégie qui
assure la victoire ». Petite application sur un scénario « maison »
que, lecteurs, je soumets à votre sagacité, à vos remarques et à vos suggestions… L'objectif de ce petit exercice est de véritablement expérimenter la différence entre un plan d'action et une stratégie.
Le cas LUNA
L’organisation LUNA évolue sur un terrain matérialisé par un quadrillage limité (Fig. 1). Ses performances s’évaluent en fonction de ses déplacements sur ce quadrillage. Le terrain a la particularité de laisser « pousser » des arbres de manière aléatoire au cours du temps, uniquement aux points d‘intersection entre les lignes. Située aujourd’hui au point X (F2), LUNA s’est donné comme objectif de rejoindre le point Y (A7) en six ans.
LUNA ne peut parcourir
le territoire qu’en suivant les lignes. Les statistiques
indiquent sans plus de détails qu’une dizaine d’arbres au moins pousseront sur
ce terrain d’ici à la fin de l’année 6, à des emplacements totalement
aléatoires. Chaque année, LUNA se
déplace en un saut unique dans l’une des quatre directions cardinales (Nord,
Sud, Est, Ouest) jusqu’à la rencontre d’un arbre, ni plus ni moins.
A la fin de chaque
année n, le Comité Exécutif de LUNA décide de la direction de son déplacement
lors de l’année n+1, ce qui constitue son plan d’action annuel (n+1). A la fin
de l’année 0, seuls trois arbres sont visibles, en D2, F1 et F4, de sorte que
le premier déplacement de LUNA l’emmènera en D2, F1, F4 ou G2.
Figure 1 - Environnement de LUNA ex ante
Question : Comment définir la stratégie à six ans de LUNA ?
Hint : cette stratégie peut se définir comme un plan d'action conditionnel. Reste à définir les actions et les conditions dans lesquelles elles doivent être menées. Deux réponses ont été formulées, sans que j'aie pu vérifier si l'un était supérieure à l'autre... Vous y risquerez-vous ?
Hint : cette stratégie peut se définir comme un plan d'action conditionnel. Reste à définir les actions et les conditions dans lesquelles elles doivent être menées. Deux réponses ont été formulées, sans que j'aie pu vérifier si l'un était supérieure à l'autre... Vous y risquerez-vous ?
A bientôt vous lire... Stay tuned !
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